Taman Negara

Nous sommes partis de bonne heure le dimanche cinq août pour la gare routière de Malacca, afin de prendre un bus pour Temerloh où nous prenons un second bus pour Jerantut dans la foulée. Les bus sont très confortables, jamais plus de trois sièges par rangée et de la place pour les jambes. De plus, les routes goudronnées rendent les trajets agréables, ça change de Flores. Arrivés à Jerantut,  nous sautons dans un taxi pour l’embarcadère de Kuala Tembelling sans avoir besoin de négocier la course. Arrivés à l’embarcadère, nous achetons nos billets de bateau ainsi qu’un retour en bus et un trek de deux jours et une nuit, ce qui nous permet d’obtenir 10% de réduction sur les deux derniers achats. Le trek nous revient alors à deux cent sept ringgits, soit cinquante-quatre euros. C’est parti pour trois heures de pirogue sur une rivière marron à travers la jungle. L’Amazonie n’a qu’à bien se tenir !

Caméléon

Arrivés au village de Kuala Tahan, nous sautons le discours de bienvenue pour trouver un hébergement. Premier essai transformé, nous trouvons trois lits en dortoirs pour environ trois euros par personne au Tembeling River View. Nous décidons de réserver une marche de nuit dans la jungle après dîner. C’est munis de nos lampes de poche que nous traversons la rivière en compagnie de notre guide aux allures de professeur de fitness efféminé. Nous réussissons à monopoliser les premières places pour profiter pleinement de notre heure de marche dans la jungle. L’aventure n’est pas franchement au rendez-vous car nous marchons sur des lattes de bois. Nous avons la chance de voir beaucoup d’insectes très exotiques : fourmis, criquets et araignées. Leur taille est impressionnante mais ça ne casse pas trois pattes à un canard, comme diraient mamans. Nous nous arrêtons à un observatoire où nous verrons les yeux luisants d’un animal non identifié, apparemment une biche. Sur le chemin du retour, au milieu des pelouses d’un hôtel, nous tombons sur un énorme tapir qui se prête plus ou moins docilement à une séance photo. Retour à l’hôtel pour une partie de cartes avec une fratrie de Français avant de s’offrir une nuit bien méritée.

Les ploucs en vacances

La journée commence par un petit déjeuner composé de rotis à la banane et au chocolat, sortes de nans mais en plus légers. C’est parti pour le trek ! Nous devons vider le sac à dos de J. pour pouvoir emporter les neufs bouteilles d’eau d’un litre cinq, trois tapis de sol, trois sacs de couchages ainsi que la nourriture et les couverts. Avant le vrai départ, nous allons faire un tour à la Canopy Walkway. Nous marchons sur un ensemble de ponts suspendus entre les arbres, à plusieurs dizaines de mètres du sol. L’expérience est amusante mais on s’attendait à mieux en lisant la description du Routard, peut être parce que les deux-cent-cinquante mètres de la seconde moitié ont été clôturés.

Depuis le Canopy WalkwayNous embarquons ensuite sur la pirogue pour une heure trente de navigation pendant laquelle nous aurons l’occasion de déguster un  copieux déjeuner : un petit bol de riz cantonais. Et c’est parti pour quatre heures de marche ! Nous sommes neuf et marchons à la file indienne derrière notre guide. Nous parcourons huit kilomètres dans la boue avec des racines, des arbres tombés au sol, des sangsues et des branches que le guide doit couper à la machette. Nous sommes tous tombés au moins une fois de façon plus ou moins élégante, et J. aura réussi à enfoncer sa jambe jusqu’au genou dans la boue. Heureusement, nous faisons des pauses toutes les heures, sans compter les fois au nous admirons un arbre, une empreinte d’éléphant ou de tigre, un mille-pattes, etc. Nous aurons même le droit à deux biscuits pour reprendre des forces à mi-chemin. Nous alternons la corvée du sac, pas trop lourd mais encombrant.

Rivière Tembeling

Vers dix-sept heures, nous nous arrêtons dans une grotte monumentale où nous passerons la nuit en compagnie de trois autres groupes. Comme de vrais robinsons, nous faisons notre toilette dans la rivière puis rentrons dans la grotte pour préparer le dîner, copieux cette fois-ci. L’ambiance est assez intense avec la foudre qui éclaire la grotte par sa grande ouverture. A la lumière des bougies, nous discutons un peu avec nos coéquipiers (deux couples de Français de notre âge et celui de nos parents ainsi qu’un couple de Hollandais de notre âge) mais ne tardons pas à sombrer dans le sommeil. Dans la nuit, nous sentirons un ou deux gouttes d’eau nous tomber sur le visage, à moins qu’il ne s’agisse de crottes de chauves-souris…

Traversée d'un cours d'eau

Mardi matin, nous prenons un solide petit-déjeuner à base de chocolat en poudre Nestlé et tartines à la confiture. C’est reparti pour deux bonnes heures de marche dans des conditions plus aventurières que la veille : traversées de cours d’eau, troncs d’arbres servant de ponts, etc. On se prend pour Indiana Jones, même si le guide a troqué sa machette par un couteau-suisse. Nous arrivons jusqu’à une rivière où nous faisons une halte pour déjeuner. Pendant que notre guide cuisine des nouilles nous plongeons dans la rivière marron. Le courant est puissant et on s’amuse quelques minutes avant de remonter manger. Nous marchons à nouveau deux bonnes heures et faisons une pause à un observatoire duquel nous n’observons que trois oiseaux mais où Henri oubliera sa casquette philippine, dommage.

Sarbacane Orang-Asli

Nous reprenons un bateau pour rentrer et nous arrêtons à mi-chemin dans un village Orang-Asli, tribu ethnique peuplant la jungle. Ils seraient un million dans toute la Malaisie qui compte vingt-sept millions d’habitants. Ils sont nomades et vivent en dehors du système, sans le confort moderne et en suivant des coutumes ancestrales. Le village dans lequel nous nous rendons ne correspond pas vraiment : même s’il n’y a pas d’électricité, les habitants consomment Sprite, essence, faux vêtements de marques, etc. Ca sent un peu l’attrape-touristes mais, inclus dans le trek, c’est une expérience sympathique. D’autant plus que nous auront l’occasion de tester leur sarbacane d’une mètre cinquante de long et que  N. parviendra même à allumer un feu, là où J. avait échoué. De retour à Kuala Tahan, nous dînons au LSK avant de passer une seconde nuit au Tembeling River View.

Echec feu Orang-Asli

Comme nous n’avons pas eu assez de marche en pleine jungle les deux premiers jours, nous employons notre mercredi 8 août matin à l’ascension d’une colline pour profiter d’un panorama sur la canopée du Taman Negara (parc national en malais). Nous arrivons au sommet dégoulinant de sueur, ce qui n’arrange pas l’état de nos vêtements. En redescendant nous verrons plus d’animaux sauvages qu’en deux jours de trek, notamment une famille de sangliers. Après un déjeuner bien mérité à notre hôtel nous embarquons pour une après-midi « canyoning ». Les guillemets ne sont pas là par hasard puisque l’activité se résume à un tour en pirogue durant lequel notre capitaine s’arrange que nous soyons bien arrosés par l’eau des rapides. Nous aurons tout de même droit à une pause plage qui nous permettra de nous essayer à la confection de radeau en bambous et au lancer de branches, entre autres. Sans commentaire. De retour au village, nous fignolons nos sacs avant de grimper dans le minibus qui nous mène à Jerantut en une heure.

Feu Orang-Asli

En conclusion, on a été un peu déçu de ne voir aucun des nombreux animaux sauvages présents dans le parc mais on a quand même beaucoup apprécié l’expérience trek gadoue dans la jungle. Notre parade contre les sangsues, qui s’est avérée très efficace : chaussures montantes et jean dans la double paire de chaussettes !

Taman Negara

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