Merci à Sylvaine pour certaines des photos ci-dessous.
L’Open Water ne nous ayant pas suffi, nous avons décidé de passer notre Advanced. La saison des pluies battant son plein en Malaisie au mois de Novembre, nous avons embarqué pour un « boat trip » dans les îles isolées de Riau (Indonésie). Après avoir convaincu quatre amis, nous avons rudement négocié avec Amazing Dive une remise de 15% compte tenu de la taille de notre groupe et du fait que nous avions déjà passé notre Open Water avec eux.
La veille de notre départ, autour d’une shisha sur Boat Quay, les discussions vont bon train quant au nombre de cannettes de Tiger Beer à emporter à bord. Nous optons finalement pour trente-six, soit un pack de trente et un pack de six, pas franchement pratiques à se trimbaler dans les bus pour rejoindre le terminal Tana Mera, au Nord-Est de Singapour. Avant de grimper dans le ferry, nous nous répartissons notre butin et en profitons pour acheter quelques bouteilles d’alcool et cigares cubains détaxés. Pas de limite de volume, puisqu’on ne sera pas contrôlé au retour (nous ne cautionnons pas la contrebande pour autant !).
Le trajet pour rejoindre le MV Nautica, notre bateau pour le week-end, se résume à une traversée pour rejoindre Batam, l’une des deux îles indonésiennes les plus proches de Singapour et privilégiée pour les week-ends courts depuis la Cité-Etat. Arrivés à Batam, nous payons un visa de trois jours pour dix dollars américains, puis nous prenons un bus qui nous amène en dix minutes au port de l’île où s’affrontent les yachts d’oligarques russes. C’est parti pour quarante-huit heures en mer ! Comme sur tous les bateaux, les cabines sont petites et l’on peut vite avoir l’impression d’étouffer. Nous découvrons avec bonheur l’espace repos du bateau constitué de matelas en plein air, simplement protégés d’une bâche.
En attendant la nuit, nous ouvrons notre première bière en écoutant le briefing du week-end. Nous sommes une douzaine de plongeurs, cinq professeurs et l’équipage, soit une bonne vingtaine à bord. Les groupes sont divisés en sept Advanced, deux Rescue (niveau suivant) et trois Leisure. Nous apprenons avec bonheur que Mahasti, rencontrée à Tioman lors du passage de l’Open Water, a changé son emploi du temps pour se joindre à nous. Elle sera notre accompagnatrice durant le week-end. Le dîner nous est servi, bon et copieux, puis nous investissons le coin repos avec jeu de cartes, couvertures et scotch whisky en attendant la venue du sommeil.
Samedi matin réveil à 8h30 pour la première plongée. Il s’agit d’une « drift dive », plongée lors de laquelle on se laisse porter par le courant. Dommage que la visibilité n’ait pas été au rendez-vous et que la couleur de l’eau soit plutôt verdâtre car, au-delà de cela, se laisser porter par le courant est extrêmement agréable. Le petit-déjeuner, toujours copieux, nous est servi alors que nous nous rendons à notre deuxième « spot ». Les paysages sont incroyables, pas d’habitations, seulement une myriade d’îlots verdoyants et aux plages de sable blanc, ainsi que quelques bateaux de pêcheurs de ci de là. Des images de Rinca, Komodo et Flores, autres îles indonésiennes visitées en juillet 2012 nous reviennent en mémoire.
C’est parti pour la deuxième plongée. Cette fois on joue au limbo sous l’eau en essayant de passer sous une corde tendue, sans toucher si la corde, ni le fond, afin de vérifier que nous contrôlons notre stabilité. De retour sur le bateau pour déjeuner, nous comprenons la fameuse devise des plongeurs : « Dive. Eat. Sleep. » Pendant que Charlotte, Adrien et nous sommes en train de nous reposer, Sylvaine et Charles qui passent leur Rescue ont fréquemment des exercices de sauvetage à réaliser à l’improviste. Le Rescue semble être une étape éprouvante pour les plongeurs puisqu’ils se doivent d’être sans cesse sur leurs gardes, « toujours prêts » comme les scouts !
Troisième plongée de la journée, la moins intéressante du week-end puisqu’il s’agit d’une plongée d’orientation durant laquelle on doit se déplacer à l’aide d’un compas suivant des formes géométriques. On réalise ces exercices en duo avec son buddy, l’un gérant le compas et l’autre le mouvement en avant. Problème, avec un fort courant on a souvent du mal à retrouver son point de départ. Même l’instructeur qui nous accompagnait était perdu donc nous sommes remontés à la surface au terme du dernier exercice puisque nous ne retrouvions pas le groupe.
Pause un peu plus longue pour attendre la tombée du jour et la redoutée plongée de nuit. Charlotte et Joana ne sont pas rassurées mais Adrien et Nicolas tentent tant bien que mal de les motiver pour cette plongée particulière. Ca commence mal puisque nous sommes les premiers à monter sur notre bateau pneumatique qui tombe en rade alors que nous attendons les autres plongeurs à la surface de l’eau. De quoi paniquer un peu plus. Après quinze minutes d’attente à la surface, nous plongeons enfin pour découvrir que nos lampes n’éclairent quasiment rien. A cause du courant et du peu de visibilité, les coraux semblent surgir face à nous.
Nicolas trouve cette sensation incroyable : puisqu’on ne voit rien, on a véritablement l’impression de flotter, voire de voler au milieu de nulle part, procurant une sensation de liberté difficilement égalable. Malheureusement, Joana se sent oppressée par les coraux et les palmes des autres plongeurs qui surgissent de nulle part. « Breaking point » quand le groupe de plongeurs devient une masse confuse au lieu de la formation étalée prévue au départ. Joana panique et demande à remonter au grand dam de Nicolas. Nous regagnons donc le bateau, seuls avec un instructeur. Joana va mieux et Nicolas est rassuré quand Adrien lui confie que la plongée était pourrie du fait de la mauvaise visibilité et du trop grand nombre de plongeurs agglutinés.
Dimanche matin, on repart pour une dernière plongée technique, la « deep dive » ou plongée profonde. Arrivés au fond, le courant est si puissant que malgré nos efforts et le fait que nous sommes alignés et accrochés les uns aux autres, il nous est impossible de rester immobiles. Dans une succession de mouvements ralentis, nous reculons avec lenteur. On se croirait en apesanteur. La sensation est lunaire et nous regrettons de n’avoir pu filmer cela. Prochaine étape : achat d’une GoPro, caméra tout terrain qui peut descendre à quarante mètres. En jouant à Superman, nous rejoignons un mur de coraux pour admirer la vie qui s’y trouve : étoiles de mers, poissons clown, raies colorées, etc.
Notre dernière plongée est une plongée de loisirs que nous effectuons avec Mahasti. Nous avons tôt fait de perdre le reste du groupe pour rester à trois et essayer de débusquer des raies, en vain. Encore une fois nous nous laissons porter par le courant, parfois les pieds en l’air pour fouiller du regard sous les rochers, en parsemant notre parcours de quelques galipettes. Quelles agréables sensations !
De retour sur le bateau, il est temps pour Charlotte, Adrien et nous de répondre aux nombreuses questions de notre test théorique. Bières à la main, nous nous répartissons les chapitres avant de partager généreusement nos réponses. Nos comparses étrangers semblent étonnés par un tel procédé que nous qualifions d’ « efficacité à la française » ! Celle-ci ne nous empêchera pas de faire quelques fautes. Le retour est passé à jouer aux cartes, à bouquiner et remplir notre carnet de plongées. Comme prévu, la douane ne contrôle pas le bateau au retour (seulement nos passeports) et nous accostons au Nord de Singapour en milieu de soirée après avoir dîné sur le bateau.
Nous rentrons nous coucher des souvenirs plein la tête et un nouveau projet pour mai : une semaine de plongées à Sipadan en Malaisie, l’un des plus beaux spots du monde. A suivre, donc…